Ils pensaient avoir touché le jackpot en arnaquant ceux qui espéraient le décrocher

Quelles sont vos chances de décrocher la timbale à l’Euromillions, au loto ou au Powerball ? Très minces, et pas besoin de citer les chiffres exacts pour s’en rendre compte. Par contre, quelles sont vos chances de pouvoir arnaquer des gens crédules en leur promettant, contre monnaie sonnante et trébuchante, d’augmenter leurs chances de gagner aux jeux de hasard ? Bien plus importantes, apparemment, alors qu’un groupe spécialisé dans ce genre d’arnaque vient d’être démantelé aux États-Unis.

Ce groupe, dirigé à partir de Hong Kong, a réussi à extorquer plus de 180 millions de dollars, soit un beau jackpot du Powerball local, à des Américains naïfs désireux d’augmenter leurs chances de devenir millionnaire grâce au loto. Et cocorico si on peut dire, 2 Français sont impliqués dans cette affaire au même titre qu’une société de marketing canadienne et la fameuse entité hongkongaise baptisée « Destiny Research Center Ltd », soit le « centre de recherche de la destinée », rendez-vous compte !

D’après le procureur américain Robert Capers, le groupe de malfaiteurs affirmait à leurs victimes pouvoir augmenter leurs chances d’hériter de l’argent ou de gagner au loto. Apparemment, plus d’un million d’Américains se sont fait berner pour se faire dépouiller au total de 180 millions de dollars, soit en moyenne 180 $ subtilisés par tête de pipe.

« Pour se remplir les poches, les accusés ont profité des superstitions et du désespoir de millions d’Américains vulnérables, » a déclaré Capers. « Nous utiliserons tout l’arsenal à notre disposition pour protéger nos citoyens de ce genre de combines frauduleuses qui ont pour cible les gens souffrant de solitude, les individus fragiles et les personnes âgées. »

Les accusés envoyaient des lettres signées des voyants français autoproclamés Maria Duval et Patrick Guérin, affirmant que ceux-ci avaient le pouvoir de leur attirer une grande richesse. Les lettres encourageaient les destinataires à acheter toute une série de produits et de services afin de ne pas passer à côté de la montre en or.

L’arnaque fonctionnait de la manière suivante : une société canadienne se chargeait de l’impression des lettres de Duval qui étaient par la suite expédiée à des milliers de retraités américains, dont les coordonnées avaient été achetées à des sociétés qui vendent ce genre de listes.

Les lettres étaient ensuite acheminées jusqu’à la frontière canadienne jusqu’à Albany, dans l’État de New York, où elles étaient postées par lots de 50.000 ! On demandait au destinataire d’envoyer par la poste chèque, informations personnelles, photo et même parfois une mèche de cheveux afin que « Duval puisse mieux percevoir l’énergie de chaque personne pour de meilleurs résultats ». Tous ces éléments arrivaient à une adresse canadienne de la société Destiny Research Center basée à Hong Kong. Il s’agissait bien sûr d’une adresse postale sans aucun bureau ; le courrier était automatiquement redirigé vers une autre société, basée à Long Island, dans l’État de New York.

Soit au siège de la société baptisée Data Marketing Group, qui avait pour mission d’encaisser les chèques et de fournir des instructions à une autre entité pour l’envoi des talismans et autres grigris, comme un « cristal vibratoire » fabriqué en masse et pour 2 sous dans une usine chinoise.

Preuve qu’il n’y a pas que le loto qui rapporte gros, la société Data Marketing Group pouvait encaisser jusqu’à 500.000 $ toutes les 2 semaines. La plupart des clients dépensaient en moyenne 50 $.

Ceux qui tombaient dans le panneau étaient ajoutés à une base de données spéciale utilisée pour l’envoi de courriers de suivi ; après tout, si ces personnes avaient été assez naïves pour tomber dans le panneau une fois, les chances qu’elles remettent le couvert étaient très, très grandes. De plus, ce genre de liste de « pigeons » vaut une véritable fortune dans ce monde de margoulins.

Le petit manège aura duré 10 ans. Depuis 2006, Data Marketing Group Ltd. aurait envoyé plus de 56 millions de lettres et encaissé en moyenne 13 millions de dollars par an, d’après le porte-parole du bureau du procureur du district est de New York.

« Cette arnaque d’échelle industrielle a visé plus d’un million d’Américains, en grande majorité des retraités à la situation financière précaire. » Les accusés ont accepté un règlement à l’amiable. (source)

Ils vivent toujours dans leur maison à 3 chambres à coucher après avoir gagné plus de 35 millions

Vous vous rappelez peut-être de Gerry et Lisa Cannings, qui ont gagné 32 millions de livres au loto britannique il y a quelques mois. À l’époque, ils affirmaient être « des gens normaux à la vie ennuyeusement banale ». Est-ce que le jackpot du loto fut l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de leur folie ? Apparemment non, d’après le suivi des tabloïds britanniques, qui se plaisent à prendre des nouvelles des grands gagnants pour parler de leur fortune, mais surtout de leurs mésaventures.

Pas de chance pour eux, Gerry et Lisa continuent de coller parfaitement à l’autoportrait qu’ils avaient rendu à la presse. 3 mois après avoir vu apparaître des tas de zéro sur leur compte en banque, notre couple de chanceux n’a rien changé à son petit train-train quotidien. Il vit toujours dans la même maison à 3 chambres à coucher située dans la région de Peterborough. Cachent-ils une petite folie dans leur garage ? Pas du tout, c’est toujours la même Skoda Octavia break grise de 2009 qui y trône.

S’ils sont partis en vacances, c’est que leur voyage avait été réservé bien avant de devenir millionnaires. Du côté des voisins et de la famille, on est unanime : à moins d’avoir lu la nouvelle dans la presse, il est impossible de savoir qu’ils ont gagné le jackpot au loto. Les 2 enseignants envisagent de déménager, mais ce sera dans un an. Et pour la fameuse Xbox que leur fils de 11 ans souhaitait ardemment, il devra attendre son anniversaire, soit le 11 juin, jackpot ou pas. Plus qu’un mois à patienter, Sam !

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