La plupart des gens sont superstitieux, et vous ?

Les superstitions sont vieilles comme le monde. S’il est aisé de comprendre pourquoi nos aïeux pouvaient s’en remettre à des grigris pour tenter d’orienter favorablement les événements d’un monde qu’ils ne comprenaient pas, la science a tout de même fait beaucoup de progrès depuis. Des chercheurs de l’université de Chicago ont tenté d’y voir plus clair : pourquoi les gens, même lorsqu’ils admettent que leurs superstitions ne reposent sur rien de solide, continuent à se laisser influencer par elles ? La raison est simple : pour se rassurer.

Les superstitions : des croyances destinées à se donner confiance en soi

Même si certains joueurs ne font que perdre année après année au loto grâce à leurs « chiffres porte-bonheur », ou que certains supporters ne portent que leur « maillot porte-bonheur » alors que celui-ci leur a fait assister à autant de défaites que de victoires de leurs couleurs préférées, les superstitions sont tellement ancrées dans l’esprit de ceux qui les habitent qu’il est impossible pour eux de s’en débarrasser, à cause d’un blocage mental. Il s’agit de l’une des nombreuses conclusions de l’étude de l’université de Chicago sur les superstitions.

Cette étude affirme notamment que même des adultes intelligents, qui ont suivi un cursus universitaire et qui sont équilibrés ont des superstitions qu’ils considèrent eux-mêmes comme étant excessives. Elle cite comme exemple le sportif qui porte toujours un vêtement censé lui porter chance alors qu’il ne joue aucun rôle dans l’issue du résultat, les victoires comme les défaites pouvant s’enchaîner.

L’étude, qui a été publiée dans le journal spécialisé Psychological Review, suggère qu’une partie du cerveau réalise que les superstitions sont de la foutaise. Mais l’autre partie continue de les suivre car il trouve du réconfort à perpétuer la croyance qu’elles sont réelles. Il est plus réconfortant de continuer à croire que l’on possède un chiffre porte-bonheur, ou un grigri, même si la partie rationnelle du cerveau réalise parfaitement que les faits ne viennent pas corroborer cette croyance.

Le professeur Jane Risen, qui a participé à l’étude, a déclaré : « Même lorsque les gens reconnaissent que leurs superstitions n’ont aucun sens, ils continuent de les laisser influencer la façon dont ils pensent, se sentent et se comportent. »

L’ « intuition magique » se trouve derrière cette tendance à vouloir s’accrocher aux superstitions, selon elle. Ce fait explique pourquoi les gens transmettent les courriels de type « chaîne du bonheur » : si ça ne coûte rien, pourquoi prendre le risque de s’attirer le mauvais œil, aussi irrationnel cela puisse sembler. Si la plupart des superstitions sont bénignes, d’autres peuvent néanmoins avoir des conséquences néfastes si elles poussent les gens à se comporter de façon irrationnelle à la maison, au travail ou à l’extérieur.

Avait-il oublié son grigri à la maison ?

Il y a néanmoins des événements dans la vie qui peuvent nous rendre irrationnels. Imaginez la scène : vous êtes dans un café et vous rigolez avec un ami d’un chien dont vous trouvez l’allure amusante, et quelques minutes plus tard son propriétaire revient avec un marteau pour vous défoncer le crâne… Je ne sais pas vous, mais de mon côté je me poserais des questions, et qui sait, j’envisagerais même peut-être de prendre rendez-vous chez un bon désenvoûteur !

Plus sérieusement, cette mésaventure est arrivée il y a peu de l’autre côté de la Manche, avec dans le rôle de protagoniste de l’attaque un millionnaire du loto, John Gallagher. Celui-ci a gagné plus d’un million de livres à l’Euromillions en 2013. Son argent ne l’a pas apaisé et il avait abusé de la boisson, comme les faits le montreront… Quoi qu’il en soit, il a très mal pris une moquerie à l’adresse de son chien. Il a commencé par se battre avec le client qui avait fait des remarques à propos de son compagnon à 4 pattes. Il a ensuite quitté le pub, qu’il fréquente depuis plus de 30 ans, non pas pour rentrer tranquillement chez lui, mais pour aller chercher « des outils ».

Et lorsqu’il a saisi son marteau ainsi qu’une laisse en chaîne, ce n’était pas avec l’intention de réparer la niche de son toutou ou de l’emmener en promenade. Notre grand gagnant se préparait simplement pour une expédition punitive. Il a tenté de frapper le client « qui a manqué de respect à son chien » avec son marteau. Apparemment, pour Mr Gallagher l’expression « clouer le bec » a un sens très propre… Espérons pour lui que le juge lui a appris sa signification au sens figuré !

Son procès a eu lieu récemment, qui a permis de faire la lumière sur ces événements. Comme on pouvait s’en douter, John Gallagher souffre de problèmes d’alcoolisme, soucis qui n’ont pas été réglés par son jackpot de l’Euromillions. Selon son avocat, c’est tout le contraire qui s’est passé : au lieu de le remettre sur le droit chemin, son gain à l’Euromillions n’a fait qu’exacerber ses problèmes.

Après avoir décroché la timbale, il a commencé à se faire harceler sans cesse par sa famille et des inconnus. Les gens se sont mis à beaucoup parler sur son dos, faisant courir toutes sortes de rumeurs. L’histoire du chien fut simplement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Désormais, John Gallagher a décidé de déménager loin pour tenter de repartir du bon pied. Il a été condamné à 240 heures de travaux d’intérêt général, personne n’ayant été sérieusement blessé au cours de la rixe.

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