Voici comment un mathématicien roumain a gagné 14 fois au loto
Article publié le lundi 3 septembre 2018
Nous avons tous rêvé de remporter un jour le jackpot du loto ou de l’EuroMillions. De trouver le système infaillible qui nous permettra d’atteindre notre but plus facilement. Voici comment un mathématicien roumain a réussi à trouver une faille statistique pour gagner le jackpot à 14 reprises !
Nous sommes le 15 février 1992. La machine du loto de Virginie vient d’achever un nouveau tirage. Le 8, 11,13, 15,19 et 20 sont sortis.
Dans les jours qui suivent, le loto réalise qu’un seul joueur a remporté le jackpot de 27 millions de dollars, mais aussi 6 fois le second rang, 132 fois le 3e rang et 135 autres prix mineurs pour un total additionnel de 900.000 $.
Cet événement a mis au jour l’une des histoires les plus bizarres de l’histoire du loto, qui implique des milliers d’investisseurs internationaux, des douzaines de systèmes informatiques compliqués et un génie des mathématiques qui a tout orchestré de l’autre côté de l’Atlantique.
Il s’agit de l’histoire d’un Roumain qui a trouvé une faille dans le loto en achetant toutes les combinaisons possibles.
L’histoire de Stefan Mandel, génie du loto
A la fin des années 60, un jeune économiste roumain du nom de Stefan Mandel a du mal à nouer les 2 bouts. À l’époque, le communisme règne en Roumanie. La pauvreté, les pénuries alimentaires et la misère sont le lot quotidien des habitants. Le salaire mensuel de moins de 100 € de Mandel n’est pas suffisant pour couvrir les besoins de sa famille. Il doit alors trouver de l’argent, et vite.
De nombreux Roumains dans sa situation ont trouvé la solution dans le crime. Mais Mandel, qui se définit comme un mathématicien-philosophe, a opté pour une autre voie : le loto.
Cela peut sembler idiot en raison de la théorie des probabilités, mais Mandel n’en est pas un. Il étudie les travaux du mathématicien du XIIIe siècle Leonardo Fibonacci. Après des années de recherches, il crée un algorithme de sélection des numéros sur base d’une méthode connue sous le nom de « condensation combinatoire ».
Grâce à son algorithme, Mandel affirme pouvoir prédire de façon sûre 5 des 6 numéros gagnants, et donc réduire de plusieurs millions à quelques milliers de combinaisons les chiffres qu’il faut jouer. Avec un groupe d’amis et de connaissances, il prend un gros risque en achetant toutes les combinaisons calculées par son algorithme.
Incroyable mais vrai, ça marche. Ils remportent le jackpot de 19.300 $. Après avoir déduit les mises, il empoche 4.000 $. Une somme suffisante pour corrompre l’immigration roumaine et partir à l’étranger pour démarrer une nouvelle vie.
Le loto devient son métier
Après 4 années ici et là en Europe, Mandel se fixe en Australie. Il prépare une nouvelle façon de systématiser ses gains au loto.
Son raisonnement est simple : dans certains lotos, le nombre total de combinaisons possibles multiplié par le prix d’une grille représente une somme inférieure au jackpot, ce qui garantit un profit.
Par exemple, admettons qu’un loto tire 6 chiffres allant de 1 à 40. Cela signifie 3.838.380 combinaisons possibles. Admettons que ce jackpot propose un jackpot de 10 millions. Si la grille coûte un dollar, vous êtes certain de gagner de l’argent.
Selon Mandel, toute personne avec des notions de mathématiques peut calculer les combinaisons possibles. Le seul hic d’une telle entreprise, c’est la logistique. Comment remplir toutes les grilles, une à une ? Comment obtenir le capital pour exécuter un tel plan ? Comment les valider ?
Au fil des années, Mandel est parvenu à convaincre des centaines d’investisseurs à mettre de l’argent dans un pot commun. Le problème de l’argent est réglé. Il a ensuite créé un système pour automatiser le remplissage des grilles avec des ordinateurs et des imprimantes.
Les ordinateurs ont permis à Mandel de révolutionner son système. Auparavant, il devait remplir les grilles manuellement. Cela lui prenait 8 mois, une seule erreur pouvait être fatale.
Patience et travail de fourmi
Dans les années 80, le groupe de Mandel surveillait les lotos du monde entier en attendant que le jackpot dépasse le prix total de toutes les combinaisons. Au moment propice il sortait du bois pour jouer de façon industrielle. Ils ont ainsi gagné à 12 lotos en Australie et en Grande-Bretagne.
Cependant, il n’a pas fait fortune grâce à son système. Après avoir payé les investisseurs et déduit les frais d’achat des billets, il se retrouvait parfois avec 100.000 $ de gains. Il également attiré l’attention des organisateurs du loto, qui ont changé les règles à de multiples reprises pour l’empêcher de recourir à son système. Par exemple avec l’interdiction des grilles cochées par un ordinateur, ou encore la validation en masse de grilles par un seul joueur. Il ne s’est pas pour autant découragé. Que du contraire, une idée encore plus ambitieuse a alors germé dans sa tête.
À l’assaut du loto des États-Unis
Avec ses gains, Mandel recrute des observateurs dans toute l’Amérique du monde. Leur tâche : dresser la liste des jackpots qui se sont élevés à 3 fois le prix de toutes les combinaisons jouables. Après avoir envisagé le Massachusetts et l’Arizona, il décide de s’attaquer au loto de Virginie.
Il présente plusieurs avantages : il est plutôt récent, il est permis d’imprimer les grilles à domicile et il n’y a pas de plafond concernant le nombre de grilles validées par un joueur. Mais, chose encore plus importante, il n’y a que 44 boules. Cela signifie un peu plus de 7 millions de combinaisons « seulement », alors qu’ailleurs ce chiffre peut atteindre 25 millions.
Mandel crée alors un trust pour rassembler le pot commun. Il parvient à collecter 9 millions grâce à ses exploits précédents. Dans un hangar de Melbourne équipé de 30 ordinateurs et de 12 imprimantes laser, il engage 16 personnes à plein temps pour préparer les 7 millions de tickets. Le processus prendra 3 mois. Il a ensuite envoyé 1 tonne de grilles aux États-Unis pour 60.000 $. Les tickets arrivés en Virginie, il ne restait plus qu’à attendre que le jackpot gonfle suffisamment.
Le 12 février 1992, le jackpot du loto de Virginie a grimpé jusqu’à 27 millions. C’est alors que Mandel ordonne de passer à l’attaque. Il reste un dernier problème à résoudre : comment valider 7 millions de grilles en 72 heures ?
C’est Anithalee Alex qui va se charger de cette opération. Celui-ci compose une équipe de 35 coursiers qui se mettent à arpenter les stations-service et points de vente du loto de Virginie avec des liasses de 10.000 grilles et autant de dollars.
Certains vendeurs pensent que ces gens sont fous. Mais vu que c’est légal et que cela faire rentrer de l’argent dans les caisses, personne ne se plaint. Malheureusement pour Mandel et ses investisseurs, le temps manque. À la clôture du tirage, seulement 5,5 des 7 millions de grilles ont été validées. D’être certain de gagner le jackpot, la probabilité tombe à 78 %. Le plan infaillible de Mandel dépend désormais du facteur habituel qui détermine le gagnant du loto : la chance.
Car en plus d’avoir ou pas la combinaison gagnante, il se peut qu’un autre joueur la trouve aussi, pour diluer le montant du jackpot. Après le tirage, l’armée de Mandel se met à chercher parmi les grilles validées celle qui est peut-être gagnante. La chance leur sourit. Mieux encore, cette grille a été validée peu de temps avant la clôture du tirage. Mandel peut alors annoncer aux investisseurs le succès de l’opération.
Il a ensuite eu des ennuis légaux, mais après une bataille de 4 ans rien n’a pu lui être reproché vu qu’il n’a fait qu’exploiter des failles. Il a fini par devenir riche, mais ce ne fut pas vraiment le cas de ses investisseurs. Mandel s’est largement rétribué en « frais de consultance ». Il a également détourné de l’argent vers un compte en banque de son beau-frère. Il a fini par se mettre en faillite, pour ensuite se lancer dans des arnaques financières qui lui ont valu notamment 20 mois de prison en Israël.
Aujourd’hui, Mandel vit à Vanuatu, « grâce à ses gains du loto », selon ses dires. Il aura marqué le loto de son empreinte : les règlements ont été modifiés pour empêcher l’exécution de son plan.
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