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D’un jackpot de 18 millions à une tombe anonyme : l’histoire du premier gagnant du loto britannique

Article publié le lundi 18 septembre 2017

En Grande-Bretagne, une sépulture récente ne laisse pas soupçonner la fortune de son propriétaire, du moins à une époque. Un simple monticule de terre avec quelques fleurs, le nom de la personne qui y repose n’est même pas indiqué.

Mukhtar Mohidin loto

Sur l’emplacement Q1147, les funérailles furent sobres. L’imam qui a enterré Mukhtar Mohidin ignorait probablement tout de la vie du défunt, qui écrivit pourtant l’histoire en devenant le premier multimillionnaire du loto britannique.

C’était en novembre 1994. Le loto se prépare à son premier tirage, l’engouement est énorme. Après quelques reports, Mukhtar Mohidin est le premier à décrocher la timbale : il remporte la somme à l’époque inimaginable de 17,9 millions de livres sterling.

Lorsqu’il a validé son ticket dans un supermarché, il était ouvrier dans la pétrochimie. Il était marié et avait 3 enfants ; toute la famille vivait dans une petite maison en briques rouges de Blackburn. Cela a évidemment bouleversé sa vie, mais pas pour le meilleur.

Dès que l’argent est arrivé sur son compte en banque, ce père de famille croyant et travailleur s’est transformé en play-boy imbibé et violent.

Rejeté par la communauté musulmane de sa ville, qui avait refusé son offre de don car les jeux d’argent sont considérés comme un pêché dans l’islam, il décide de démarrer une nouvelle vie ailleurs.

Malheureusement, son mariage tombe rapidement en lambeaux tandis que des conflits éclatent dans sa famille, qui souhaite obtenir une partie du magot. Durant la fin des années 90, toute la famille a changé de nom pour ensuite disparaître dans la nature.

On a tout de même retrouvé la trace de Mukhtar Mohidin, et recomposé son histoire. Après son divorce, en 1998, il s’est bâti une nouvelle identité : il est devenu Mike, un riche banquier.

On pouvait le voir régulièrement dans les casinos les plus cossus de Londres jouer de grosses sommes, ou encore apparaître avec des call-girls de standing qu’il essayait d’impressionner avec des cadeaux et des vacances exotiques.

L’une de ces escorts à 800 livres la nuit est devenue sa maîtresse. Ils ont même eu un enfant ensemble. Lorsque le journaliste du Daily Mail a retrouvé sa trace, il lui a appris son décès. L’ancienne escort lui a expliqué qu’ils étaient tombés amoureux, qu’il l’avait sorti de la prostitution et qu’ils ont ensuite vécu ensemble.

L’argent ne fait pas le bonheur

Elle a ensuite confirmé un dicton qui fait toujours débat : non, l’argent ne fait pas le bonheur.

Mukhtar Mohidin fut l’un des nombreux immigrés de la vague d’arrivants des années 70 en Grande-Bretagne. Il se fixa avec ses parents dans la région de Blackburn. Au début de la quarantaine, il gagnait sa vie en travaillant dans une usine pétrochimique et en louant un atelier qu’il avait acheté.

Sa femme travaillait également à l’usine, pour 400 £ le mois. L’argent de la loterie fut avancé par le propriétaire de la famille. Il lui avait prêté 50 livres pour payer une facture d’électricité de 46 livres. Il lui avait dit d’utiliser le reste pour jouer à ce nouveau jeu excitant. Si Mukhtar Mohidin devait d’aventure gagner, son propriétaire lui avait demandé de partager. Ce qu’il n’aura pas fait, si bien que les 2 hommes ne s’adresseront plus jamais la parole par après. Un proche du gagnant lui proposa 50.000 livres en guise de compensation, mais pour finir l’homme refusera tout argent pour des raisons religieuses.

Personne n’aurait dû connaître l’identité de M. Mohidin, qui avait choisi l’anonymat. Cependant, la presse a découvert son identité, probablement à cause d’une taupe au sein même du loto. Une fois son nom révélé, ce fut la pagaille au sein de la famille, qui commença à se disputer sur la façon dont l’argent devrait être partagé.

Au début, le couple se déchire sur la façon de dépenser l’argent. Madame est moins regardante à la dépense tandis que son mari discute les choix de sa femme. Ces disputes finissent par être arbitrées par le tribunal, qui décide que toute dépense doit être signée par les 2 conjoints. Sa femme finit par s’en aller avec les enfants un beau jour. Après d’autres turpitudes, le divorce finira par être prononcé 4 ans plus tard. On dit qu’elle aurait reçu 5 millions, la maison conjugale ainsi qu’une pension alimentaire de 60.000 livres par enfant. Aujourd’hui, elle continue de profiter de sa fortune.

Monsieur ne navigue pas aussi bien dans les eaux de la richesse que Madame

Les choses ont moins bien tourné pour son ex-mari. Dans son ancien cercle il est vite devenu un paria, celui qui a arnaqué son propriétaire en lui refusant sa part du gâteau du loto et qui a tourné le dos à sa communauté tout en insultant sa religion. Il a beau avoir voulu donner 320.000 livres pour la construction d’une nouvelle mosquée, les Anciens lui ont rendu son argent. Son ancienne maison, qu’il n’a pas vendue, a même été vandalisée.

Sans amis, sans famille, déraciné, M. Mohidin errait de bars en casinos, s’offrant de la compagnie grâce à son argent. Avec ses costumes Armani, ses diamants, ses cheveux gominés en arrière et son portefeuille rempli de billets de 50 livres, Mike, comme il se faisait appeler, semblait passer du bon temps. Mais d’après son ancienne compagne, c’était un homme confus et mal dans sa peau qui avait perdu sa véritable identité.

Peu de temps après l’avoir rencontrée, il arrêta de recourir aux services d’autres call-girls. Il pouvait la voir plusieurs fois par semaine. Shopping à Paris, week-end sur la Côte d’Azur, bijoux Chopard : il ne lui refusait rien. Elle sera pourtant très déçue d’apprendre qu’il n’était pas un banquier, mais qu’il avait gagné son argent au loto. Mais tout fut oublié lorsqu’il l’emmena en Concorde jusqu’à New York et lui offrit une maison pour elle et sa fille.

Mais plus tard elle découvrit que la maison était en fait au nom du gagnant. Après une bataille juridique, le titre de propriété fut transféré. Charlotte Doyle est ensuite tombée enceinte. Mr Mohidin changea alors du tout au tout, redevenant le père de famille qu’il était avant le loto. Ils ont ensuite emménagé ensemble, mais leur relation a commencé à se détériorer. Fini les cadeaux de luxe. Il y a bien pire : il a commencé à se montrer violent, et notamment jaloux par rapport à la fille de la relation précédente de sa compagne.

Il est ensuite redevenu l’homme à femmes ivre de sa période post jackpot tout en retournant à la mosquée. Après une énième dispute, toujours plus violente, elle obtint son expulsion. C’était en 2004.

Durant les 13 années qui ont suivi, il semble que « Mike » a vécu déchiré entre ses 2 identités, entre la piété et la luxure. La dernière fois qu’on l’a vu, c’était dans un motel de Blackpool accompagné d’une femme rencontrée en Thaïlande. Il est décédé le 23 août 2017 à l’âge de 64 ans, officiellement de complications suite à une infection urinaire. Cependant, son certificat de décès fait mention d’une liste interminable de maladies probablement en relation avec son style de vie de débauche : insuffisance rénale, cirrhose et maladies du cœur.

L’homme qui n’a pas reçu ses 50 % résume l’histoire de son ancien ami : il aurait pu vivre une vie fantastique, on aurait pu avoir un excellent souvenir de lui. Mais c’était un faible qui a succombé à la tentation et aux désirs charnels.

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Vos commentaires

ABE

Pas très surprenant !